Hier, sur la plage, je m’amusais à regarder les gens passer, et je me suis rendu compte qu’il y avait vraiment différents types de corps. Tous sont beaux, à leur manière.
Mais tous ne sont pas à la mode. C’est ce qu’on se disait avec ma soeur, en regardant une jeune fille, trop belle, aux courbes fermes mais voluptueuses et aux fesses rebondies :
“Ça, c’est le corps de maintenant.”
Puis en voyant passer une fille toute mince, pâle, pas très musclée : “Fin des années 90 !” j’ai continué à regarder les gens passer en replaçant chaque personne dans sa décennie. Moi, j’ai toujours su que j’avais un corps des années 80 – fin des années 80 début des années 90, athlétique, épaules volontaires, hanches étroites, à la Stéphanie de Monaco.
À cette époque malheureusement, j’étais un peu jeune pour comprendre la chance que j’avais. Pendant quelques années, j’ai pu effleurer le bonheur d’avoir un corps dans le vent.
Les maillots de l’époque tombaient comme parfaitement sur moi, les filles dans les magazines me ressemblaient et on me complimentait sans arrêt.
J’étais canon, quoi. Normal. Ahahah.
Puis Kate Moss est arrivée, et là encore une fois j’étais beaucoup trop immature pour comprendre que c’était juste une mode qui changeait. J’ai compris bien vite que je ne serais jamais comme elle et comme ça, d’un coup d’un seul, j’ai probablement essayé de maigrir, je n’y suis probablement pas arrivée et comme ça sans prévenir, j’ai arrêté d’être canon.
Elle McPherson (une autre de mes idoles, à qui je pouvais m’identifier) a complètement disparu des papiers glacés, et comme ça sans un cri, mon heure de gloire a disparu à jamais.
J’ai quand même continué à suivre, et à observer avec un certain détachement les modes passer. C’est marrant. À la grande époque de ma mère, les années 80, c’était la gym et les abdos de fer qui faisaient fureur. Les fesses, petites et musclées. Et le bronzage à l’huile à traire. Dans les années 90, les supermodèles avaient des corps épanouis et respirant la santé, mais ça n’a pas duré longtemps. Fin 90, tout ce qu’on voulait c’est avoir l’air maigre, fragile et pâle et avoir des mini seins, des mini fesses et des épaules minuscules. Puis dans les années 00, les corps ont encore changé, Gisèle est arrivée et on a voulu des muscles mincissimes étirés à coup de Pilates tout en ayant des seins, autrement dit des corps irréels (quand on est très maigre et très musclée, on a rarement des seins) qui faisaient écho aux progrès de la chirurgie esthétique.
Et puis, maintenant, dans les 10’ les filles qui ne supportaient pas leur derrière se sont soudain mises à les chérir et à les shaker et grâce (oui, grâce) à des filles comme Kim Kardashian, les rondeurs et les corps pleins de courbes se sont remis à exister dans les médias.
Ouais, c’est quand même con la vie, parce qu’autant suivre la mode avec des paires de chaussures c’est drôle, autant cette histoire de corps à la mode n’a ni queue ni tête (ahah). Mais n’empêche, ça nous intoxique complètement. Bon, heureusement aujourd’hui, on a Instagram et Ashley Graham, mais à elle toute seule elle n’arrive pas à contrer ce qui se passe en ce moment, l’obsession du muscle et du jus tout vert.
Et c’est dommage parce que la vérité, c’est qu’à n’importe quelle époque, chaque type de corps possède sa propre beauté, et qu’on ne peut pas attendre que nos corps soient validés par des tendances… C’est en nous qu’on doit trouver l’assurance (je vous rassure, moi-même j’ai parfois du mal) et c’est à nous de trouver nos propres idéaux et de les faire vivre. Et c’est à nous d’arrêter les auto-critiques et les jugements. C’est à nous de trouver notre beauté, et de dire merde au reste. C’est ce que fait Ashely Graham, et c’est ça qui fait qu’on l’aime, pas son tour de taille. C’est parce qu’elle sort des schémas établis et qu’elle ne s’en excuse pas.
Un corps bercé d’amour-propre, c’est toujours un corps beau.
Sur ce, moi et mon bikini on vous laisse, on va à la plage, essayer de pratiquer l’acceptance, l’amour-propre, et le shakage de non-booty. Eheh.